Après un Master en Espagnol, Alexandra obtient une Licence en Communication, puis une maîtrise en Patrimoine Multimédia et Tourisme. Elle arrive à Montréal en janvier 2012 avec un PVT d’un an, continue dans sa lancée avec un visa Jeune Professionnel pour enfin devenir Résidente en avril 2016. Cette année, elle se lance dans un nouveau projet et nous raconte son parcours d’entrepreneuse photographe au Québec.
Comment es-tu arrivée au Canada ?
J’avais besoin de changer d’air et un ami qui vivait là-bas depuis cinq ans m’a proposé de tenter l’aventure ici. C’est la facilité qui m’a décidée car j’avoue n’avoir jamais vraiment pensé à venir au Canada auparavant. Je suis partie sans aucune idée du lieu ni du temps que j’y passerais. Au final, cela fait maintenant 6 ans que je vis ici !
Qu’est ce qui t’a poussé à faire de la photo ?
Quand j’avais 10 ans mon père m’a acheté un appareil photo. Lui ne se séparait jamais de son argentique sans pour autant être photographe. C’est sûrement là que tout a commencé…
Plus tard, j’ai choisi de m’orienter vers les Arts Plastiques pour la thématique de mon mémoire de Master. Celui-ci portait sur le photographe espagnol Juan Manuel Castro Prieto et son livre Peru Viaje al sol. La découverte de cet artiste a été une vraie révélation et m’a poussée à développer ma passion pour l’image.
Comment es-tu devenue photographe à temps plein ?
J’ai commencé à faire de la photo en parallèle à ma job, je travaillais alors dans l’organisation de festivals de cinéma. Les gens autour de moi me disaient souvent que mes photos étaient belles alors j’ai pensé qu’il était peut-être temps de me lancer. En mai 2017, j’ai décidé de sauter le pas en devenant photographe à temps plein.
Les premiers temps, j’ai pas mal tâtonné, notamment en commençant par faire des photos de famille. Puis, de fil en aiguille, j’en suis venue à me diriger vers les entrepreneurs, d’où mon projet actuel.
Travailler avec ces profils me semble plus porteur de sens, je fais partie de leur équipe donc leurs projets me tiennent à cœur et j’essaye de réaliser des clichés au plus proche de ce qu’ils recherchent. La relation est plus profonde et sur le long terme. J’aime la diversité car chaque entrepreneur a un projet différent. Cela fait appel à ma créativité mais également à mes autres compétences comme la communication et la logistique. Il y a plus de responsabilités aussi. La photographie représente un budget conséquent pour les entrepreneurs avec un objectif de vente derrière donc l’impact est beaucoup plus significatif.
Peux-tu nous parler de la formation que tu suis actuellement ?
Après être passée sous le statut de travailleur autonome, j’ai été sélectionnée pour obtenir une subvention d’Emploi Québec appelée « Soutien au travail autonome ». Celle-ci permet d’avoir 393$ chaque semaine pendant 52 semaines et, en parallèle, je dois suivre deux formations imposées.
La première, « Lancement d’entreprise », dure 14 semaines au terme desquelles je suis tenue de rendre un plan d’affaires à un jury qui va déterminer si mon projet est toujours viable et s’il continue de me donner la subvention. La deuxième formation, « Vente et conseil », dure environ 16 semaines et est axée sur les techniques de vente, la relation client, etc. Cette formation est une aide précieuse tant sur le plan financier que professionnel car elle m’apporte des compétences que je ne possédais pas, notamment dans la gestion d’entreprise.
Quel est donc ce projet que tu es en train de monter ?
Mon projet est de proposer aux entrepreneurs un suivi photographique. En fonction de leurs besoins, trois formules sont disponibles : trois mois, six mois ou un an. Chacune comprend deux options : photo uniquement ou photo + contenus pour les réseaux sociaux. En fonction du nombre de mois pris, il y a plus ou moins de services (portrait, photo reportage, photo de produit, d’équipe, etc.).
Cela permet aux entrepreneurs d’avoir une uniformité dans leurs clichés, mais également d’avoir un seul interlocuteur/photographe.
Quand je choisis un projet, je m’assure qu’il corresponde à mon style et à ce que souhaite l’entrepreneur. J’organise donc toujours une première rencontre pour parler du projet en question, cibler les besoins de la personne et ensuite lui faire une proposition sur-mesure.
Pour l’instant, je travaille sur le site web de ma nouvelle compagnie mais en attendant j’ai toujours mon site de photographe.
As-tu rencontré des difficultés dans ton parcours d’entrepreneur ?
Avec moi-même surtout ! Ce n’est déjà pas facile de changer de carrière mais j’ai aussi dû passer au delà du « syndrome de l’imposteur ». N’ayant pas fait d’études dans la photo, j’ai eu du mal à me positionner comme professionnelle dans ce domaine, à assumer ce métier pour être capable de passer de « Je fais un peu de photo » à « Je suis photographe ».
Cela a également été difficile sur le plan financier puisque j’ai quitté mon poste pour me consacrer à 100% à la photographie. C’était clairement une prise de risque mais j’ai la chance d’avoir un conjoint qui me soutient depuis le départ et qui croit en moi.
Monter le projet en revanche n’a pas été si difficile car je suis débrouillarde et j’ai trouvé les ressources nécessaires. En revanche, il m’est arrivé de me sentir seule car je suis passée d’un statut de salariée avec des collègues au travail solitaire dans des cafés.
Quel(s) conseil(s) aurais-tu à donner aux Français qui aimeraient tenter l’aventure de l’entrepreneuriat au Canada ?
Je leur conseillerais de s’accrocher et d’être certains de vouloir se lancer car même si l’entreprenariat est à la mode, ce n’est pas facile et il faut tenir la distance ! Il est important de connaître ses compétences et d’être sûr de ce que l’on veut faire.
On a beaucoup tendance à valoriser l’entreprenariat, ce qui est bien, mais il ne faut pas oublier le côté difficile, le travail et les sacrifices que cela implique. Cela prend beaucoup de temps et d’énergie, c’est une vie complètement différente de celle d’un salarié donc la réflexion s’impose avant de se lancer.
L’avantage du Québec et du Canada, c’est qu’ici l’entreprenariat ou même la reprise d’études sont banalisés et considérés comme positifs. Ici les gens ont plus confiance et sont généralement plus optimistes qu’en France sur le fait de changer complètement de carrière.
Des projets pour la suite ?
Cette année, je vais faire en sorte que ma compagnie soit lancée et qu’elle fonctionne, ce qui est déjà un gros projet en soi (rires).
Plus tard, j’aimerais travailler entre la France et Québec, avoir des contrats dans les deux pays. L’idée d’intégrer d’autres photographes à ma compagnie est une possibilité mais à voir, chaque chose en son temps !
Merci Cécile, bisous
Bravo Alexandra c’est super ce que tu fais. En espérant te revoir un jour ; bIsous à toi, ta petite famille et LoÏc
Sandrine et sa smala
Très bon article
Je me demande quelque fois si je devrais pas tenter l aventure aussi
Photographe et télé pilote drone, je pense que de très belles choses serait à faire à Québec
Il faut que je vienne déjà un mois en vacances pour encore plus tomber amoureux de cet endroit et cette mentalité qui fait rêver