Maman au Québec : Le témoignage de la maternité d’Anaïs

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Adjointe administrative dans une entreprise d’énergies renouvelables, Anaïs décide de tout changer en partant au Canada. Elle obtient son PVT d’un an en 2012 et part en octobre 2013. Trois ans après, Anaïs devient maman d’une petite Lou et nous parle de son expérience.

Pourquoi le Canada et le Québec ?

J’ai choisi le Canada parce j’avais fait un stage à 20 ans en Ontario et j’avais adoré ! Je m’étais promis de revenir un jour. Quand ma vie a commencé à m’ennuyer, je me suis dit que c’était le moment parfait pour demander un PVT et ce, avant mes 30 ans.

Quant au Québec, j’avoue que c’est la facilité de la langue qui m’a poussée à opter pour cette province plutôt qu’une autre.

Aujourd’hui je regrette un peu ce choix car je trouve la différence culturelle trop importante et je suis lassée au travail d’entendre toujours des comparaisons faites entre québécois et français. Finalement mon expérience était meilleure côté anglophone !

Ton expérience PVT avant l’arrivée de Lou ?

En arrivant, je suis restée 2 semaines chez une amie puis j’ai trouvé une colocation de 6 personnes dans le quartier du Plateau. Mon compagnon m’a rejoint plus tard. J’ai rapidement obtenu un poste de vendeuse chez Yves Rocher, pas du tout dans ma branche mais j’ai pris ce que je trouvais pour pouvoir gagner ma vie là-bas. C’était une bonne expérience ! 

Au bout d’un an, un peu avant la fin de mon PVT, j’ai changé de job pour une autre société qui acceptait de me prendre en JP. J’ai fait la demande au moment des quotas et j’ai obtenu ce nouveau visa en 2014.

Puis, en juin 2015, mon compagnon a entamé les démarches pour la RP. Il était donc le demandeur principal et nous avons décidé de faire un conjoint de fait afin que j’en bénéficie également. Il a obtenu le CSQ en 3 semaines et la Résidence cette année, en juin 2017.

Maman au Québec : Comment as-tu fait pour les démarches ?

Je savais que je voulais avoir un enfant avec mon compagnon et j’avais donc été voir une gynécologue au hasard pour lui en parler. Elle m’a tout expliqué : les démarches, les rendez-vous avec elle, etc. C’est important de s’y prendre à l’avance, notamment pour les rendez-vous d’échographies, les places en hôpital ou en maison de naissance par exemple car elles sont limitées. J’ai dû me débrouiller et faire mes recherches toute seule.

Comment s’est passée ta grossesse au niveau administratif et médical ?

Je suis tombée enceinte en juin 2016 donc j’avais déjà la RAMQ. Du coup, je n’ai rien eu à payer, sauf une échographie dans le privé, sinon celles faites à l’hôpital sont couvertes. Concernant la grossesse, j’ai trouvé le système beaucoup moins médicalisé, avec par exemple seulement 2 échographies à faire (une 3 mois et l’autre 22 ou 23 semaines) au lieu de 3 en France. De même, ici pas de prise de sang pour vérifier que l’on est enceinte, le test de grossesse suffit ! En fait, ils attendent que les trois premiers mois passent car c’est une période souvent délicate où il est parfois possible de perdre le bébé. Ils me l’ont dit clairement, ils n’ont pas de temps ou d’argent à consacrer à un enfant qui pourrait ne pas passer ces fameux trois mois. C’est assez particulier à entendre !

À trois semaines du terme, le médecin s’est rendu compte que le bébé ne bougeait pas beaucoup et qu’il n’y avait plus de liquide amniotique. Il m’a donc annoncé de but en blanc qu’il fallait immédiatement faire une césarienne. En fait, le dernier gynécologue que j’avais vu m’avait mal suivie. Heureusement, l’accouchement s’est très bien passé et l’équipe présente a été super ! Notre petite Lou était enfin là !

Ils nous ont gardées trois jours mais uniquement parce que le bébé était très petit étant donné l’avance sur la date d’accouchement prévue. Normalement ils gardent la maman et son petit un ou deux jours maximum quand il y a une césarienne, contre une semaine en France.

Autre chose, avec mon conjoint nous avions décidé de prendre une accompagnatrice car nous n’avons pas de famille ici et nous sentions que sa présence nous ferait du bien. Elle nous avait tout expliqué en détail, de l’accouchement à l’allaitement, et était présente le jour de la naissance de Lou pour nous soutenir. C’était vraiment une chance de l’avoir !

Le suivi après la grossesse ?

Une infirmière est venue le lendemain pour voir si l’allaitement se passait bien, si bébé prenait du poids, etc. Un check up complet ! J’ai dû faire vérifier le poids de Lou une fois par semaine au CLSC (Centres Locaux de Services Communautaires) jusqu’à ce qu’elle atteigne enfin 3,5kg, c’est à dire le poids d’un bébé normal. Puis tout est rentré dans l’ordre.

J’ai ensuite eu plusieurs visites : l’infirmière à 1 mois, le médecin de famille à 2 mois, l’infirmière à 4 mois, le médecin à 6 mois, l’infirmière à 9 mois puis le médecin à 12 mois. C’est désormais lui qui s’occupera des visites.

Car oui c’est à préciser, lorsque je suis sortie de l’hôpital, j’ai appelé une clinique pour dire que j’avais besoin d’un médecin de famille pour ma fille. Il est impératif de faire ça le plus rapidement possible après l’accouchement afin d’avoir un bon suivi. Par la même occasion, le nôtre nous a pris, mon conjoint et moi, comme patients également. Nous n’avons donc plus à attendre à la clinique en cas de problème, juste à prendre rendez-vous avec lui, ce qui est un luxe en Amérique du nord !

Une fois que bébé est là ?

Le congé maternité peut durer 6 mois ou un an. J’ai choisi un an donc je ne suis payée que 50% de mon salaire. Les papas ont droit à 5 semaines qu’ils choisissent comme ils veulent, ce qui est plus avantageux qu’en France. Il est aussi possible d’alterner le congé avec son conjoint en faisant moitié moitié par exemple. Pour la garderie, il faut vraiment s’inscrire à l’avance.

Je l’ai fait quand j’étais enceinte sur le site Laplace 0-5 qui recense toutes les garderies (privées) et les CPE (subventionnés) proches de chez soit. Il faut sélectionner celles qui nous intéressent puis attendre qu’ils appellent quand une place se libère. Pour ma part, j’ai appelé partout pour demander directement et une garderie m’a recontactée. Lou commencera donc en janvier. Pour vous donner une idée du prix en garderie privée, je payerai 40$/jour, remboursables sur impôts, c’est bon à savoir !

Concernant les produits pour bébé, c’est vraiment très cher ici ! Ma mère m’en a donc envoyé pas mal depuis la France et j’en ai également ramené de là-bas durant mon dernier séjour. Côté nourriture, je lui prépare tout moi-même, le plus possible. Question de budget mais aussi et surtout parce qu’ici les aliments sont très sucrés ou salés et je n’ai pas confiance sur les ingrédients utilisés, y compris dans les produits pour enfants !

Un conseil, quand on devient maman ici, je pense que c’est important de rencontrer d’autres mamans dès le début pour se suivre et se donner des conseils.

Aujourd’hui comment ça se passe ?

Maintenant Lou a 9 mois et j’ai encore jusqu’à janvier pour profiter pleinement d’elle. L’avantage au Québec c’est qu’il y a beaucoup d’activités proposées pour les bébés et leurs mamans. Il y a des séances de sport avec bébé après l’accouchement, j’ai également fait un atelier de langage des signes avec elle, nous allons à la piscine et pas mal de cafés sont « baby friendly ». Ça paraît bête mais c’est génial de se retrouver dans un endroit où l’on n’a pas peur de déranger les autres lorsque l’on a un enfant en bas âge, ça fait du bien !

maman au Québec : bougeotte et placotine
Café « baby friendly » Bougeotte et Placotine – Copyright : Bougeotte et Placotine

Des projets à venir ?

Une fois mon congé terminé, je vais reprendre mes études pour devenir thérapeute et je pense qu’on rentrera en France à la fin de ces 3 ans. La naissance de Lou a beaucoup changé de choses ; mes racines me manquent, les différences culturelles me pèsent et nous avons envie de ramener Lou à la culture française mais surtout de la rapprocher de nos familles respectives.

Nous allons tout de même faire la demande de citoyenneté afin qu’elle puisse en profiter si elle décide un jours de vivre au Canada et que nous souhaitons éventuellement la suivre.

Autre témoignage, autre vie, celui de Daphnée, infirmière au Québec.

 

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